Discours du Président du Bloc Libéral, Dr Faya MILLIMOUNO
Mes chers compatriotes,
En ce moment décisif de notre histoire, je me dois de vous parler avec franchise, dans un souci de vérité qui, j’ose l’espérer, nous rassemble tous.
Lorsque le Général Mamadi Doumbouya a pris la tête de l’État, le 5 septembre 2021, il a prononcé une parole forte, solennelle, porteuse d’espoir : « Ni moi, ni aucun membre du CNRD ne sera candidat à une élection. » Cette déclaration a suscité l’espérance légitime d’un peuple fatigué des dérives, meurtri par des décennies de promesses non tenues et de trahisons répétées. Cette parole, parce qu’elle incarnait la possibilité d’un renouveau, reste pour nous un engagement sacré.
Au Bloc Libéral, nous demeurons convaincus que le Président de la Transition n’entend pas renier sa promesse ni sa parole d’honneur. Nous croyons en la fermeté de son engagement, en la noblesse de son serment, et en sa volonté d’entrer dans l’histoire par la grande porte, en rompant avec la funeste tradition de la confiscation du pouvoir.
Pourtant, mes chers compatriotes, une dérive inquiétante se fait jour. Un vent malsain souffle sur le pays. Des voix s’élèvent, à peine dissimulées sous de prétendues bonnes intentions, pour inciter le chef de l’État à se porter candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025. Qu’elles proviennent de cercles proches du pouvoir, d’intellectuels en mal d’influence ou de notables à la mémoire courte, ces incantations ne sont pas inspirées par un amour sincère de la Guinée. Elles relèvent d’un opportunisme politique que nous connaissons hélas trop bien.
Nous les reconnaissons, ces semeurs de trouble.
Ce sont souvent les mêmes : mêmes visages, mêmes discours, mêmes manœuvres.
Ce sont eux qui, hier, ont soutenu le feu Général Lansana Conté dans l’aventure mortifère du « koudeïsmé », cette doctrine de la continuité qui a étouffé l’alternance et plongé la nation dans une léthargie profonde.
Ce sont eux, encore, qui ont encouragé, flatté et poussé le Président Alpha Condé à violer la Constitution pour s’accrocher au pouvoir. Ils ont fabriqué des justifications juridiques, manipulé les textes, bafoué le droit et la morale. Et quand le pays a brûlé, quand les balles ont sifflé et que le sang a coulé, aucun d’entre eux n’a eu le courage de reconnaître : « Ma responsabilité est engagée. »
C’est là le drame de notre élite : une frange de nos intellectuels évolue dans le calcul et la duplicité. Elle sait s’approcher du pouvoir pour en tirer des bénéfices, jamais pour lui dire ses vérités. Elle applaudit quand il faudrait alerter, elle flatte quand il faudrait conseiller, et elle fuit quand il faudrait assumer. Et quand le pouvoir tombe, la voilà qui se mue en donneuse de leçons.
Guinéennes, Guinéens,
Il est grand temps de briser ce cycle infernal.
Notre pays ne saurait être indéfiniment le théâtre des mêmes errements, des mêmes manipulations, des mêmes trahisons. Nous devons réapprendre à honorer la parole donnée, à respecter les engagements souscrits, à rejeter la tentation de l’absolutisme et de la mainmise sur le pouvoir.
Le Bloc Libéral en appelle à la lucidité et à la responsabilité de chaque citoyen.
La stabilité d’une nation ne se mesure pas à la longévité d’un régime, mais à la vigueur de ses principes. Et le premier de ces principes, c’est le respect de la parole donnée. Si le Général Mamadi Doumbouya tient son engagement initial, il gravera son nom dans l’histoire, non comme un dirigeant de plus, mais comme l’homme d’État qui aura eu le courage de rompre avec la logique du pouvoir personnel pour servir l’intérêt supérieur de la nation.
À ceux qui s’emploient à l’entraîner sur la pente glissante de la tentation, je lance cet avertissement : l’histoire regarde, le peuple se souvient, et la vérité, tôt ou tard, finit par éclater.
Mes chers compatriotes,
La Guinée n’a que faire d’un sauveur ; elle a besoin d’institutions fortes et pérennes. Elle n’a que faire d’hommes providentiels ; elle appelle des femmes et des hommes de parole. Elle n’a que faire de discours sur la continuité ; elle réclame des actes de rupture.
Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons édifier une République juste, digne et respectée. Une République où la morale publique reprendra ses droits, où la loyauté envers la Nation l’emportera sur la fidélité à un homme, et où le pouvoir redeviendra ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un service, et non un privilège.
Vive la République de Guinée! Vive la dignité nationale !
Et que Dieu bénisse notre cher pays.
Dr Faya Millimouno
Président du Bloc Libéral