Par Abdelkader S. – Une information farfelue a été relayée par des médias arabes, lesquels ont fait écho à un site «spécialisé dans les questions de défense», selon lequel l’Algérie s’apprêterait à céder des avions de chasse de type Mig-29 à l’armée soudanaise. Cette information, tout extravagante qu’elle soit, est néanmoins gravissime car elle cache assurément des desseins malveillants. Elle fait suite à la visite du président soudanais à Alger, en janvier dernier. Abdelfattah Al-Burhan Abderrahmane avait affirmé que son pays était favorable à la présence de l’Algérie à toute table de dialogue ou débat visant à trouver une solution pacifique à la crise que traverse le Soudan.
Mais les efforts déployés par l’Algérie pour aboutir à une solution politique dans ce pays africain déchiré par un conflit armé interne alimenté de l’extérieur ne sont pas du goût des Emirats arabes unis qui financent et arment les milices des Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdan Dogolo, homme-lige de Mohammed Ben Zayed. En assurant son hôte soudanais du soutien actif de l’Algérie contre les «forces du mal», le président Tebboune pointait clairement un doigt accusateur en direction d’Abu Dhabi qui multiplie les actes inamicaux à l’égard de notre pays. Des actes dénoncés en leur temps par le Haut Conseil de sécurité (HCS) dans un communiqué officiel, ce qui signifiait que les hostilités entre Alger et Abou Dhabi étaient ouvertement déclarées.
Selon des sources soudanaises, la visite du président du Conseil de souveraineté transitoire en Algérie avait un lien direct avec un événement qui se préparait au Soudan et qui vise à mettre fin à la guerre civile qui oppose les troupes d’Al-Burhan aux milices de Hemeti. En effet, les deux belligérants s’apprêtaient à s’asseoir à la table des négociations dans le cadre d’une conférence inter-soudanaise pour la réconciliation nationale, mais celle-ci a été sabordée par les Emirats. Les Soudanais s’étaient tournés vers l’Algérie qu’ils considèrent comme un «poids lourds» du continent africain et qui porte la voix de l’Afrique actuellement au Conseil de sécurité de l’ONU, en tant que membre non-permanent, pour jouer un rôle prépondérant dans la recherche d’une solution politique au conflit armé au Soudan.
Les Emirats arabes unis alimentent la guerre civile dans ce pays, le plus grand d’Afrique avant son morcellement, en finançant et armant les groupes paramilitaires de l’ancien chef des Janjawids. Les FSR se sont emparées de l’ouest du Soudan et d’une partie de Khartoum. Elles se dirigent à l’Est et pourraient, selon des sources médiatiques, avoir accès à la mer Rouge et investir Port Soudan. «Ce qui s’inscrit parfaitement dans la stratégie constante de Mohammed Ben Zayed de contrôler les ports africains et arabes», expliquent des sources proches du dossier.
Le rôle néfaste des Emirats arabes unis ne se limite pas qu’à l’attisement du brasier soudanais. Il s’étend désormais à la dangereuse manipulation médiatique, en cherchant à montrer l’Algérie comme un pays belliciste qui arme une des parties au conflit. La manœuvre a clairement pour objectif de torpiller les actions de l’Algérie visant à parvenir à un accord de paix dans ce pays convoité et dont l’approche algérienne pacifiste dérange des puissances étrangères qu’oppose un conflit d’intérêts par procuration.
A. S.
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