Par Khaled Boulaziz – L’ancien chef de l’armée française, le général François Lecointre, a récemment déclenché une tempête de controverses avec ses déclarations appelant à un «redéploiement» de l’Europe en Afrique pour protéger ses intérêts. Ces remarques ont suscité des réactions vives, en particulier dans les milieux nationalistes, où la perspective d’un retour européen en Afrique est perçue comme une tentative nostalgique de rétablir une emprise coloniale révolue.
Dans une interview diffusée sur la chaîne YouTube du journal français Le Figaro, (1) le général Lecointre a exposé son point de vue selon lequel l’Europe devrait réévaluer sa présence en Afrique pour contribuer à la restauration de l’Etat, à la réhabilitation des administrations et au développement. Il a mis en avant l’idée d’un destin commun entre l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique, soulignant les enjeux qui y sont liés pour les intérêts européens.
L’ancien chef d’état-major a exprimé son inquiétude face à l’échec des engagements européens dans la région du Sahel, pointant du doigt le retrait des troupes françaises et les conséquences de cette décision, notamment l’expulsion des forces françaises de plusieurs pays de la région. Il a également souligné l’influence croissante de la Russie dans cette zone, conséquence des bouleversements politiques et des coups d’Etat récents dans les anciennes colonies françaises.
Ces propos interviennent dans un contexte géopolitique complexe marqué par les turbulences au Moyen-Orient et en Afrique, ainsi que par les changements de cap politiques des Etats-Unis, comme en témoigne leur retrait annoncé du Niger. Ce retrait américain a accentué le basculement vers la Russie de certains pays africains, comme le Niger, qui était jusqu’alors un partenaire clé pour la France et les Etats-Unis en matière de sécurité.
La perspective d’une présence renforcée de la Russie en Afrique, combinée aux défis démographiques et sécuritaires anticipés dans la région, pousse le général Lecointre à plaider en faveur d’un engagement plus fort de l’Europe, y compris par le biais de ses forces armées si nécessaire.
Cependant, ces propos ont déclenché une vive réaction, tant dans les médias africains que sur les réseaux sociaux, où la France est accusée de néocolonialisme et où des scénarios alarmants sont envisagés. En Algérie notamment, où les souvenirs de la colonisation française demeurent vifs, cette perspective est rejetée avec fermeté.
Les déclarations du général Lecointre soulèvent des questions complexes sur le rôle de l’Europe en Afrique et ravivent les tensions autour du passé colonial de la France. Dans un contexte de rivalités géopolitiques croissantes et de défis sécuritaires majeurs, la recherche d’un équilibre entre les intérêts européens, la stabilité régionale et le respect des aspirations des pays africains demeure un défi crucial.
Dans les volutes de l’imaginaire, la France des services et des finances rêve encore d’une Afrique comme une étendue d’influence immense. Sans elle, la France n’est qu’une puissance terne, éclipsée, destinée à errer dans les méandres de l’histoire, sans éclat ni renommée, pour l’éternité à venir.
Et en fin de compte, les descendants de ceux qui ont marqué l’histoire de la France coloniale un certain 1er novembre se tiennent prêts à raviver le combat et à faire face aux complots de l’ennemi d’hier, l’ennemi d’aujourd’hui, c’est-à-dire l’ennemi de toujours.
K. B.
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