
Le représentant du mouvement Hamas en Algérie a pris la parole pour livrer une série de déclarations marquantes sur l’avenir du combat palestinien, l’évolution de la stratégie du Hamas et les enjeux liés à la situation actuelle après l’opération «Déluge d’Al-Aqsa».
Youssef Hamdan a réaffirmé, dans un entretien à la WebTV d’El-Khabar, les grandes lignes de la position du Hamas, tout en esquissant certains ajustements stratégiques que le mouvement semble désormais prêt à envisager, indiquant que le Hamas pourrait, de manière transitoire, accepter la création d’un Etat palestinien sur une partie du territoire historique de la Palestine. Toutefois, il a précisé que cette éventuelle acceptation ne signifie ni une reconnaissance de l’Etat d’Israël ni une adhésion au principe de la solution à deux Etats.
«Ce compromis éventuel n’implique pas que nous renoncions à notre terre, que nous ne sommes d’ailleurs pas seuls à revendiquer. Elle est un waqf islamique, une dotation pieuse, et nous en sommes les premiers défenseurs», a déclaré Youssef Hamdan. Le représentant du Hamas à Alger a ainsi tenu à rappeler la dimension spirituelle et collective de la terre palestinienne selon la vision de son mouvement.
Sans détour, Hamdan a insisté sur le fait que la résistance palestinienne ne déposera jamais les armes tant que l’occupation israélienne persistera. «Le vrai problème n’est pas l’armement de la résistance, mais bien celui de l’occupant», a-t-il martelé, en réaffirmant le droit du peuple palestinien à résister, un droit, selon lui, garanti par toutes les lois et conventions internationales.
Pour le Hamas, le combat armé reste un levier central de la lutte contre Israël. Le représentant a d’ailleurs souligné que les négociations avec l’entité sioniste, notamment pour l’échange de prisonniers, ne sont devenues possibles que grâce à la pression exercée par la résistance sur le terrain.
Selon lui, l’opération «Déluge d’Al-Aqsa», déclenchée en octobre 2023 par la résistance, a agi comme un électrochoc au niveau mondial. Il estime qu’elle a permis de mettre à nu la barbarie de l’occupation israélienne, qu’elle a exposée au grand jour, au regard de toute l’humanité.
Il a aussi affirmé que cette opération avait conduit Israël à reconsidérer sa position stratégique, notamment sur la question des prisonniers, en le forçant à négocier. Une manière pour Hamdan de présenter l’opération comme un succès tactique, malgré son coût humain élevé.
Interrogé sur le rôle de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU, Youssef Hamdan a salué l’action du représentant permanent de l’Algérie à New York, Amar Bendjama, qu’il a décrit comme un diplomate engagé, fidèle à la cause palestinienne. Toutefois, il a dénoncé l’obstruction systématique des Etats-Unis, qui ont empêché toute résolution appelant à la fin de l’agression israélienne. «Nous nous sentions en sécurité avec Bendjama, mais la main américaine, couverte de sang, a bloqué toute initiative», a-t-il déploré.
L’entretien d’El-Khabar a également soulevé plusieurs questions critiques sur la stratégie du Hamas, notamment sur la fameuse «transaction du siècle» de Donald Trump, les éventuelles zones d’ombre du projet politique du Hamas, ou encore l’impact réel du «Déluge d’Al-Aqsa». Le mouvement aurait-il pu agir autrement ? Aurait-il pris les mêmes décisions avec le recul ?
Autant d’interrogations qui traversent aussi l’opinion palestinienne et arabe. Pourquoi l’opération n’a-t-elle pas abouti à une véritable libération nationale ? Quels soutiens ont été constants, et qui a abandonné la résistance en chemin ?
N. D.