Par Houari A. – Dans une interview accordée à une chaîne de télévision arabe, Ahmed Kaddaf Eddam, cousin de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et ancien ambassadeur de Libye en Egypte, a relancé de façon virulente les accusations de financement occulte de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Il affirme non seulement que l’ancien président français a reçu de l’argent libyen, mais qu’il «a touché encore plus» provenant d’autres parties qu’il n’a pas précisées.
Le propos d’Ahmed Kaddaf Eddam se veut un écho direct à la condamnation de Nicolas Sarkozy prononcée par le tribunal français, dans le cadre de l’affaire dite du financement libyen de sa campagne. En réaction, l’ancien diplomate s’en prend frontalement à Sarkozy : «Qu’il aille au diable !», a-t-il lâché, l’accusant d’avoir menti.
Pour rappel, l’affaire porte sur le financement par la Libye de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, à hauteur d’environ 50 millions d’euros. Dès 2011, le fils de Kadhafi, Saïf Al‑Islam, avait déjà affirmé que «nous avons financé sa campagne» et que l’ancien président «doit rembourser l’argent au peuple libyen». L’enquête judiciaire française s’est ensuite saisie du dossier à partir de 2013, à la suite de révélations notamment du site Mediapart, de témoignages et de documents, qui évoquent «blindés d’espèces», «transferts occultes» et «valises de cash».
Dans ce contexte, l’intervention d’Ahmed Kaddaf Eddam apporte un témoignage additionnel à charge contre Sarkozy. Il affirme que l’argent libyen ne serait qu’une partie de l’histoire, suggérant que d’autres flux «plus importants» seraient intervenus, sans toutefois nommer les parties concernées.
L’affaire fait partie des plus grandes secousses judiciaires et politiques de la Ve République française, gangrénée par la corruption. Elle mêle diplomatie, financement électoral, intervention française en Libye en 2011 et relations franco-libyennes. Bien que plusieurs protagonistes aient livré des versions contraires, la justice française a mis en évidence des indices ouvrant sur des pistes sérieuses de financement occulte.
Le témoignage d’Ahmed Kaddaf Eddam ne fera que relancer la pression sur Sarkozy, en ravivant la question non seulement de l’origine des fonds mais de l’existence potentielle d’un réseau plus large que celui jusqu’ici mis en avant.
H. A.