
Dans le tumulte post-électoral où circulent communiqués contradictoires et fausses déclarations, un ton singulier s’est élevé, celui de la tempérance. Depuis le 13 octobre, plusieurs candidats à la présidentielle ont appelé leurs partisans à la patience et au respect du cadre légal. Cabral Libii, candidat du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), a ouvert la voie.
Dans un communiqué, il a exhorté ses sympathisants à « la patience » et à « ne pas céder à la manipulation qui infeste les réseaux sociaux ». Insistant sur la fiabilité des procès-verbaux officiels, le député a rappelé que seuls les organes légaux de supervision détiennent la vérité des urnes. Une posture méthodique, presque académique, face à la cacophonie ambiante. Joshua Osih, du Social Democratic Front (SDF), a emboîté le pas. Reconnaissant que les chiffres internes de son parti ne lui sont « pas favorables », il a salué « le verdict clair du peuple », tout en promettant de respecter la décision du Conseil constitutionnel.
En insistant sur la paix et la légitimité du processus, Osih confirme son attachement à une opposition républicaine, fidèle à la voie institutionnelle plutôt qu’à la contestation systématique. Vétéran du jeu politique, Bello Bouba Maïgari a, lui aussi, choisi la modération. Dans un communiqué signé par son porte-parole Pierre Flambeau Ngayap, le leader de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) a invité ses partisans à « faire preuve de calme et de maturité ». Soulignant la présence de ses représentants dans toutes les commissions de supervision, il a écarté toute interprétation hâtive des tendances. Une sagesse forgée par des décennies d’expérience politique.
Autre figure discrète mais cohérente, le Dr Jacques Bougha Hagbe a remercié ses électeurs tout en appelant à « demeurer calmes et confiants ». Sa prudence, à contre-courant de la surenchère verbale, illustre une conception apaisée de la compétition politique : celle qui attend que la parole institutionnelle soit rendue avant tout jugement. En retrait du scrutin, Akere Muna a également livré un message fort. Dans un texte intitulé Une nouvelle aurore, l’ancien bâtonnier appelle les institutions à « honorer leur devoir sacré » et exhorte le président sortant à « écouter la voix du peuple ».
Sans revendiquer ni contester, il place la morale et la dignité au cœur de l’après-vote. Plus ambigu, Ateki Seta Caxton, du Parti de l’Alliance libérale (PAL), a brièvement félicité Issa Tchiroma Bakary « pour sa performance », avant que son parti ne clarifie sa position. Le PAL a rappelé que cette déclaration relevait d’une « initiative personnelle » et qu’il convenait d’attendre les résultats crédibles issus des commissions départementales. Qu’ils soient jeunes ou vétérans, ces candidats forment, le temps d’un scrutin, un groupe de sages prônant la discipline républicaine.