Ce 25 octobre 2025 au Caire en Égypte, Dr George Elombi a pris officiellement la tête de l’African Export-Import Bank (Afreximbank) en qualité de nouveau Président de l’institution, héritant d’une institution renforcée mais confrontée à des enjeux nouveaux — industrialisation, conformité et nécessité d’ancrer la croissance dans la transformation locale des ressources. Cette cérémonie du Caire s’est déroulée en présence du Ministre Camerounais dz Finances, qui a saisi l’opportunité pour dresser un bilan de la coopération entre le Cameroun et Afreximbank et parler des attentes du Cameroun vis-à-vis du nouveau président qui est d’ailleurs un Camerounais. Le choix d’un cadre historique de la banque illustre un pari sur la continuité technique pour piloter un virage stratégique.
Juriste de formation et employé de la maison depuis 1996, Elombi gravit les échelons jusqu’au poste d’exécutif-vice-président en charge de la gouvernance et des services juridiques. Sa nomination par les actionnaires — annoncée à l’issue de l’assemblée annuelle d’Abuja en juin — a été présentée comme la désignation d’un dirigeant capable d’assurer la continuité opérationnelle tout en menant des réformes.
Dans ses premières allocutions publiques, Elombi a détaillé une feuille de route volontariste — souvent résumée en une « agenda en plusieurs points » — qui vise notamment à accroître fortement les capacités financières de la banque (objectif affiché : porter les actifs d’environ 44 milliards de dollars à 250 milliards sur dix ans) et à recentrer les instruments de financement vers des projets créateurs de valeur ajoutée plutôt que vers l’exportation de matières premières brutes. Ce double objectif — monter en puissance financière et financer la montée en chaîne de valeur — constitue le fil conducteur de son discours d’entrée en fonction.
Les organes décisionnels d’Afreximbank ont, au cours de l’année, approuvé des résolutions visant à renforcer l’arsenal financier de la banque (notamment l’élargissement du guichet de financement concessionnel) et ont soutenu la création de structures dédiées au commerce de produits à forte valeur ajoutée. Ces initiatives montrent que l’orientation annoncée par Elombi s’inscrit dans des décisions déjà entérinées par les actionnaires.
Pour autant, l’arrivée d’Elombi intervient à un moment où l’institution est plus exposée aux défis de gouvernance et de conformité — une réalité que commentent plusieurs analystes. Passer d’un modèle centré sur l’expansion de l’intermédiation financière à un modèle qui finance des chaînes de transformation locales implique d’assumer des risques opérationnels différents (infrastructures, logistique, capacités industrielles locales) et d’affiner la gestion du risque souverain dans une conjoncture mondiale incertaine. Les observateurs soulignent que la réputation et la robustesse des procédures internes seront déterminantes pour que la nouvelle stratégie produise des résultats durables.

Concrètement, recentrer les instruments d’Afreximbank vers la « valeur ajoutée » signifie favoriser des prêts, garanties et investissements destinés à : la transformation agricole et minière sur le continent, la construction d’unités de transformation, le renforcement des capacités logistiques et des chaînes d’approvisionnement régionales, ainsi que le soutien aux entreprises locales capables d’exporter des produits manufacturés ou semi-transformés. Cette approche vise à capter une plus grande part de la valeur produite sur le continent, créer des emplois et réduire la vulnérabilité aux chocs de prix des matières premières. Plusieurs dispositifs lancés récemment — ou en cours de lancement — vont dans ce sens.
L’ambition d’Elombi ne dépendra pas que des moyens propres d’Afreximbank : elle nécessite une coordination étroite avec les États, les plateformes industrielles privées, les fonds d’investissement et les institutions régionales (AfCFTA, banques de développement). Le profil institutionnel d’Elombi — long parcours interne et expérience en gouvernance — devrait faciliter la négociation de partenariats, mais le calendrier et la mise en œuvre opérationnelle resteront cruciaux.
À court terme, les attentes porteront sur la capacité d’Elombi à transformer les résolutions et les annonces en lignes de crédit opérationnelles, en montages industriels et en projets pilotes mesurables. À moyen terme, les observateurs suivront l’évolution des ratios prudentiels, la qualité des actifs nouvellement financés et la façon dont la banque gère les tensions entre croissance rapide des actifs et maintien d’une gouvernance rigoureuse.