
Intervenant à l’occasion du cinquantième anniversaire du conflit et à quelques jours de l’expiration du mandat de la MINURSO, prévu pour la fin du mois, De Mistura a souligné la nécessité d’un “changement de rythme dans le processus diplomatique”. « Après un demi-siècle de médiation, de missions et de résolutions, il est temps de prendre des décisions courageuses et de lancer une nouvelle phase de négociations basée sur le réalisme et le compromis », a-t-il déclaré. Le diplomate a insisté sur le fait que le gel du dialogue comporte un risque réel : « L’absence de dialogue pourrait céder la place à une dérive militaire dangereuse, avec des répercussions pour l’ensemble du Maghreb et au-delà. »
Selon la même source, De Mistura a invité les quatre parties à participer à des négociations ouvertes, constructives et inclusives, rappelant que le succès d’un processus de paix repose sur la capacité à dépasser les positions historiques. Il a notamment encouragé le Maroc à détailler davantage son plan d’autonomie et appelé l’Algérie à inciter le Polisario à privilégier la voie politique plutôt que militaire.
L’émissaire onusien a souligné le rôle essentiel de la Mauritanie, qu’il a qualifiée de « neutre mais non indifférente », et réaffirmé le potentiel des États-Unis à contribuer à une solution, tout en saluant l’implication récente du Royaume-Uni ainsi que le rôle constructif de la France, de l’Espagne et de la Russie.
De Mistura a mis en garde contre le risque de laisser la dynamique diplomatique s’essouffler, ce qui pourrait conduire à un durcissement des positions et à une escalade militaire aux conséquences potentiellement dévastatrices. Il a rappelé les tensions persistantes entre le Maroc et l’Algérie et un réarmement préoccupant. En 2025, l’Algérie a porté son budget de défense à 25 milliards de dollars, tandis que le Maroc a alloué plus de 12 milliards de dollars à son armée, au-delà de la lutte contre le terrorisme, ce qui alimente les craintes d’un affrontement direct. Jusqu’ici, les hostilités se sont limitées à des actions de guérilla du Polisario, mais sans perspective politique, la tentation de solutions non diplomatiques reste présente. L’avenir de la MINURSO s’inscrit également dans ce contexte.
L’envoyé a appelé le Conseil de sécurité à ce que la prochaine résolution sur le Sahara insiste sur la nécessité d’engager de nouvelles négociations d’ici fin 2025 et réaffirme le mandat de la MINURSO comme un outil indispensable de stabilité et de médiation sur le terrain, même en format réduit.
De Mistura a conclu en rappelant que le cinquantième anniversaire du conflit et de la « Marche verte » doit être non seulement un moment de commémoration, mais aussi un tournant décisif, en affirmant que « Le moment de décider est maintenant : soit nous ouvrons la voie au dialogue, soit nous risquons de perdre définitivement la possibilité d’une solution pacifique. »