
Il ne faut pas tomber dans la distraction. Ce parcours est bon, mais l’adversité était moyenne. Il faut attendre la coupe arabe et la CAN pour en savoir plus sur la valeur réelle de l’équipe.
La Presse — Une victoire sans bavure devant la Namibie clôt un parcours sans faille pour l’équipe nationale. Après le semi-échec contre la Namibie en début de parcours sous la conduite de Montassar Louhichi, l’équipe, reprise par Sami Trabelsi, s’est relancée pour enchaîner des victoires et réserver sa place au Mondial. Les «stats» sont bonnes reflétant une domination sans partage sur ce groupe. La qualification acquise, le parcours bien terminé, on a le droit de se réjouir. De se féliciter, mais est-ce que l’équipe nationale est à l’apogée de sa forme ? Est-ce une équipe au complet et sans reproches ? Est-ce que cette euphorie et ces louanges jour et nuit sont utiles pour la période à venir ? Une chose est sûre, il faut être réaliste et doser tout. La joie comme la critique pour éviter la distraction et la confiance excessive qui, au passé, nous ont fait mal. Même ce dernier match contre la Namibie n’était pas exemplaire malgré ces trois buts. Pas mal de fois, les Namibiens étaient si proches de marquer et avaient la possibilité de percer facilement le bloc tunisien.
Changeons de raisonnement
Nous jouerons pour la 7e fois la Coupe du monde. C’est bien, c’est flatteur, mais ce n’est pas extraordinaire par rapport à l’historique de l’équipe nationale, et aussi par rapport à des adversaires moyens. Seule la Guinée équatoriale était en mesure de nous déranger. Mais amputée de 6 points par la Fifa, on s’est retrouvé sans rival. Au regard des moyens engagés et de la qualité des joueurs disponibles, se qualifier pour le Mondial constitue le strict minimum. C’est comme ça qu’on doit raisonner.
L’équipe nationale est passée par des périodes pénibles, surtout avec l’arrivée de Benzarti, et même avant. Surestimée, placée comme favorite alors qu’elle n’est plus capable de passer le premier tour à la CAN et au Mondial, l’équipe nationale commence à changer.
A donner des signes assez rassurants. Mais ce n’est pas encore la copie parfaite. Il est essentiel de se mesurer aux vrais et tenaces adversaires comme le Sénégal, l’Egypte, le Maroc, l’Afrique du Sud et les autres favoris. Avant de dire que l’équipe est revenue à son standing, il faut encore attendre des explications plus musclées, des adversaires plus forts pour se situer. C’est mieux que de penser que l’équipe s’est métamorphosée et qu’elle a pansé toutes les plaies du passé. Positiver ? Bien sûr. On a un effectif qui s’améliore au gré des arrivées des expatriés de qualité.
Certains éléments, jadis marginalisés, ont pris de l’importance comme Mejbri, Abdi, Valéry, Chaouat ou Mastouri. Il y a également des joueurs qui débarquent et qui font déjà parler d’eux, tels que Gharbi, Saâd ou Tounekti. En même temps, les Laïdouni, Skhiri , Dahmene, Talbi, Sassi, Sliti jouent bien leurs rôles de cadres mentors. Il y a quand même du changement dans l’ossature ou dans le onze type qui joue. Il reste à trouver le joueur de calibre qui fait la différence devant, qui emmène l’équipe et qui remplit le rôle de créateur. On attend encore Achouri, qui a tellement de talent, mais qui ne s’exprime pas à fond. Pour avancer, il faut que le raisonnement au sein de l’équipe nationale change cette fois pour passer d’un raisonnement simpliste et peu ambitieux à un autre plus exigeant et qui ne se contente pas des victoires devant des adversaires à la portée. Tout n’est pas fait encore : en attendant la coupe arabe et la CAN pour savoir si Sami Trabelsi et ses joueurs peuvent ramener la sélection au peloton de tête en Afrique et confirmer les signes du renouveau. Pour cela, il faudra surtout compter sur des joueurs motivés de faire une carrière en sélection et éviter les «magouilleurs» habitués aux jeux des coulisses et à imposer leurs amis et à manier sélectionneurs et membres fédéraux (certains d’entre eux s’efforcent de retrouver le pouvoir et un statut de VIP).