Par Khider Mesloub – Selon une récente étude publiée sur le site de la chaîne i24 News, en Israël presque 3 millions de personnes, dont près d’un million d’enfants, vivent en situation de précarité alimentaire. Cette insécurité alimentaire affecte majoritairement les populations non juives. Elle touche particulièrement la communauté arabe israélienne ou palestinienne d’Israël.
En Israël, sur le plan de la paupérisation, les disparités entre populations juives et musulmanes ont toujours été importantes.
L’étude établit un lien direct entre niveau de revenus et sécurité alimentaire : dans le quintile le plus pauvre, en majorité palestinien, plus de la moitié des foyers sont en situation d’insécurité alimentaire, contre seulement 9,5% dans le quintile supérieur majoritairement juif.
La flambée des prix a exacerbé les difficultés pour les foyers arabes israéliens, obligeant certains à renoncer à des besoins essentiels. Ainsi, nombreux sont les Arabes israéliens pauvres incapables de se permettre un repas chaud au moins une fois tous les deux jours.
Depuis le déclenchement de la guerre génocidaire, le nombre d’Arabes israéliens vivant dans la pauvreté a fortement augmenté. Plusieurs centaines de milliers de Palestiniens israéliens sont tombées dans la pauvreté depuis 2023. Le chômage frappe plus de 50% des Arabes israéliens.
De l’autre côté de la frontière, en Cisjordanie, depuis octobre 2023, selon un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) le territoire est au bord de l’effondrement budgétaire, provoqué par une baisse massive de l’activité économique. Au total, 306 000 emplois ont été perdus en Cisjordanie depuis le début de la guerre. Le taux de chômage de la population active s’élève à plus de 51%.
Selon le Bureau central palestinien des statistiques, 178 000 travailleurs palestiniens n’ont pas pu entrer en Israël après le déclenchement de la guerre génocidaire à Gaza.
La paupérisation des Palestiniens d’Israël n’est pas corrélée au déclenchement de la guerre d’extermination à Gaza.
Depuis la colonisation de la Palestine en 1948, la population arabe d’Israël se trouve dans une situation économique et sociale plus défavorisée que la moyenne nationale de confession juive. A l’apartheid que les Arabes israéliens subissent vient s’ajouter les discriminations en matière d’investissements publics dans leurs villes. Les Palestiniens d’Israël ne peuvent accéder aux postes de la fonction publique. De sorte que les Arabes sont surreprésentés dans les emplois peu qualifiés. Tout comme ils sont surreprésentés parmi les chômeurs.
Lentement mais sûrement, les conditions de survie des Palestiniens d’Israël s’alignent sur celles de leurs compatriotes gazaouis.
Pour rappel, près de 100% de la population de Gaza est plongée dans la pauvreté, avec une économie en ruine et un chômage généralisé, provoqués par la destruction des habitations et des infrastructures, et du déplacement récurrent des travailleurs et des employeurs. Avec la cessation totale de l’économie et la fermeture du marché du travail israélien aux travailleurs palestiniens, les Gazaouis s’adonnent au travail informel axé sur la fourniture de biens et de services essentiels.
Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont confrontées aux sombres réalités de la faim, du déplacement, de l’aggravation de la pauvreté et de la mort, note l’OIT.
Les Palestiniens des territoires occupés, tout comme leurs compatriotes citoyens israéliens, sont victimes de politiques d’affamement. Politiques d’affamement orchestrées soit directement par voie militaire, notamment à Gaza et en Cisjordanie, aux moyens de destruction des infrastructures et de génocide nutritionnel, assèchement de l’accès aux ressources vitales – nourriture, eau, carburant, soins – dans une stratégie d’extermination différée et de nettoyage ethnique. Soit indirectement par voie économique liée à l’application de l’apartheid contre les Palestiniens d’Israël, notamment par la discrimination à l’emploi, c’est-à-dire la privation de toute activité salariée rémunératrice.
En Palestine occupée et en Israël, l’affamement des Palestiniens n’est pas une conséquence collatérale de la guerre, mais constitue une politique rationnellement planifiée, mise en œuvre méthodiquement par les dirigeants sionistes israéliens, dans une stratégie d’extermination différée du peuple palestinien.
L’anéantissement nutritionnel des Palestiniens de Gaza, tout comme l’étouffement économique des Palestiniens de Cisjordanie et d’Israël, s’inscrivent dans le projet clairement énoncé par les dirigeants israéliens eux-mêmes : le dépeuplement de la Palestine de ses habitants arabes musulmans.
L’affamement nutritionnel et la paupérisation généralisée visent à forcer la population palestinienne à accepter sa propre déportation. L’affamement par la privation de nourriture (Gaza) ou de travail (Cisjordanie et Israël) constitue ainsi une nouvelle technologie sioniste de déportation et de nettoyage ethnique.
K. M.