Par M. Aït Amara. – Le couperet est tombé à Versailles et il résonne bien au-delà des murs administratifs français. En interdisant la réunion au cours de laquelle devait être proclamée une prétendue indépendance de la Kabylie, le gouvernement français a envoyé un signal sans ambiguïté à Ferhat Mehenni. Le territoire français ne sera plus le théâtre de ses mises en scène politiques. Selon des sources proches du MAK, son chef de file se prépare désormais à quitter la France, envisageant une fuite vers Israël ou le Maroc. La panique est telle que tout s’est effondré en quelques heures, les certitudes ont volé en éclats et les décisions sont prises dans la confusion et l’urgence. Chacun, au sein de cette organisation classée terroriste, agit avec la peur viscérale d’être inquiété par les autorités françaises.
Cette décision de la préfecture de Versailles marque une rupture nette. Longtemps bénéficiant d’une complaisance complice, Ferhat Mehenni découvre brutalement les limites de son statut d’«opposant en exil». Ce dernier sait que l’interdiction qui lui a été signifiée n’est pas un simple acte administratif, mais le prélude à un scénario plus sombre pour le traitre qu’il est, à savoir une possible extradition vers l’Algérie. Une probabilité qui pèse désormais comme une épée de Damoclès.
Mais au-delà des considérations judiciaires, c’est surtout l’effondrement politique du MAK qui se dessine. Algeriepatriotique avait annoncé, dans un précédent article, que le mouvement s’acheminait vers un enterrement définitif, ce 14 décembre, en Kabylie. Non seulement les faits ont confirmé cette analyse, mais ils l’ont même élargie. En effet, le MAK ne s’éteint pas seulement sur le terrain kabyle, mais devient également indésirable en France, pays où Ferhat Mehenni avait construit l’essentiel de sa visibilité internationale.
Le contraste est frappant entre l’ambition affichée et la réalité du rapport de force. Alors que Ferhat Mehenni continue d’invoquer la création d’un Etat kabyle «dans la tête» (sic), ses soutiens se débinent, son mouvement se vide de substance et ses annonces prennent des allures d’incantations solitaires, si bien qu’il cite des «invités prestigieux» sans citer leurs noms car inexistants en réalité. Preuve que cette histoire de déclaration d’indépendance est un simulacre politique sans envergure. Le laïus qu’il a produit sur Facebook après l’interdiction française, véritable gifle infligée par ses anciens maquereaux parisiens, sonne davantage comme l’aveu d’un échec que comme un acte de résistance.
L’hypothèse d’un refuge à Tel-Aviv ou à Rabat illustre cette errance. Israël et le Maroc, régulièrement et ouvertement cités dans la rhétorique du MAK comme des «alliés», apparaissent aujourd’hui comme des issues par défaut pour un leader autoproclamé régnant sur le vide. Reste une question centrale : ces deux régimes accepteront-ils de s’encombrer d’un acteur dont l’influence réelle est inexistante et dont le mouvement est en état de mort clinique ?
L’isolement de Ferhat Mehenni met à nu une stratégie fondée davantage sur la provocation médiatique que sur une base politique solide. Privé de tribune en France, marginalisé en Kabylie, contesté jusque dans ses propres rangs, le chef du MAK est désormais réduit à poursuivre, depuis un exil toujours plus lointain, un projet qui ne survit que dans la logorrhée.
Le jour du 14 décembre, au lieu de marquer la pseudo-naissance d’un «Etat kabyle», restera gravé comme la date symbolique du naufrage d’un zingaro ivrogne et de son cirque farcesque.
M. A.-A.