Le Cameroun a mis en jeu sa signature pour soutenir le secteur privé. Selon la note de conjoncture sur la dette publique à fin septembre 2025 publiée par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’État a accordé sa garantie souveraine à hauteur de 50 % sur trois prêts consentis le 19 août 2025 par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), pour un montant total de 26,9 milliards FCFA.
Les entreprises concernées sont LP Industrie SA, bénéficiaire de 8,9 milliards FCFA, Groupe Sohaing SAS (15 milliards) et CAMAS SA (3 milliards). Ces prêts, souligne la CAA, « viendront en augmentation de l’encours de la dette avalisée par l’Administration centrale », au fur et à mesure de la mise en œuvre des projets.
Bien que la note ne fasse pas explicitement le lien, cette opération pourrait être rattachée au fonds de garantie souveraine de 200 milliards FCFA, mis sur pied par le gouvernement pour améliorer l’accès des entreprises au crédit bancaire. Ce dispositif, reconduit en 2024, repose sur un partage du risque entre l’État et les institutions financières partenaires.
Selon le rapport sur l’économie camerounaise publié par la Direction de l’Économie du ministère de l’Économie, 85 % des ressources du fonds (soit 170 milliards FCFA) sont destinées au secteur bancaire, à travers 14 partenaires, et 15 % (30 milliards FCFA) aux établissements de microfinance. En 2024, la BDEAC avait d’ailleurs été la seule institution financière à octroyer des crédits sous cette couverture publique.
Les projets soutenus couvrent la construction du complexe Akwa City Plaza à Douala par la Société Immobilière du Groupe Sohaing (SIGS SAS) (15 milliards FCFA), la création d’une usine de fer à béton par LP Industrie SA (8,95 milliards) et l’extension des bases logistiques de CAMAS SA à Douala, Kribi et Ngaoundéré (3 milliards).
En publiant cette note, la CAA met en évidence la montée progressive des engagements conditionnels de l’État, c’est-à-dire des dettes garanties mais non encore comptabilisées. Ces opérations, bien qu’indirectes, constituent un risque potentiel pour la soutenabilité budgétaire en cas de défaillance des bénéficiaires.