Crise Sucrière au Cameroun : Les Manifestations Font Trembler la Sosucam, Quel Impact Économique ? :: CAMEROON
L’industrie sucrière camerounaise traverse une zone de fortes turbulences, symbolisée par la descente aux enfers de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam). Le bilan du premier trimestre 2025 révèle une chute brutale de la production de sucre de 16 % par rapport à l’année précédente, selon les chiffres alarmants du ministère des Finances. Cette contre-performance est directement liée aux violentes manifestations sociales survenues en février, au cours desquelles 150 hectares de plantations de canne à sucre ont été saccagés. L’incendie dévastateur a causé des pertes matérielles estimées à 5 milliards de francs CFA, soit l’équivalent de 50 000 tonnes de canne à sucre anéanties.
Ces événements récents ne sont que la partie émergée d’un déclin structurel de longue date. Détenue majoritairement par le groupe français Somdia (74 %) et l’État camerounais (26 %), la Sosucam peine à retrouver son équilibre. Elle avait déjà manqué son objectif de production en 2024, plafonnant à 85 000 tonnes au lieu des 100 000 espérées, accusant un lourd déficit de 22 milliards de francs CFA.
La grogne sociale, notamment celle des coupeurs de canne, a conduit à une vague de désertions dans les plantations, exacerbant la crise. Face à ce contexte explosif, un nouveau directeur général, Marc Leynaert, a été nommé en avril 2025 avec la mission urgente d’apaiser le front social et de redresser la situation financière, un défi colossal.
Le paradoxe est d’autant plus coûteux pour le Cameroun que le pays vise l’autosuffisance en sucre. Or, l’incapacité chronique de la Sosucam à satisfaire la demande nationale estimée à environ 300 000 tonnes par an contraint l’État à recourir massivement aux importations.
Avec 311 835 tonnes de sucre importées pour un coût astronomique de 125 milliards de francs CFA, le pays subit une hémorragie de devises et s’éloigne dangereusement de son ambition d’indépendance agro-industrielle. La dépendance aux importations fragilise l’économie nationale et met en lumière l’urgence d’un plan de relance robuste, qui doit impérativement intégrer la résolution des tensions sociales et la modernisation de la chaîne de valeur sucrière.
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