Lassané Romba, titulaire d’une licence en études germaniques obtenue à l’Université Joseph-Ki-Zerbo, a présenté l’écriture « ROMBA ». Un syllabaire entièrement conçu pour répondre aux défis de transcription des langues nationales africaines, notamment celles à tons et à classes. Fruit d’une recherche entamée en 2009, ce système innovant a été finalisé en 2025.
Contrairement aux alphabets classiques, dont l’alphabet latin utilise actuellement où chaque lettre représente un son unique, l’écriture ROMBA fonctionne par syllabes. Chaque symbole correspond à une syllabe complète, explique Lassané Romba.
Ce choix permet de mieux transcrire les langues à tons, où la moindre variation dans la prononciation d’une syllabe peut modifier le sens du mot. Selon Lassané Romba, les alphabets existants peinent à restituer fidèlement ces nuances sonores.
« Les alphabets ont des limites dans la transcription phonétique d’une langue à tons. Par contre, les syllabaires, comme le ROMBA a été inventé pour résoudre la question. Il est beaucoup plus adapté à la transcription d’une langue à tons et à classes », explique-t-il. Il précise que « tout le monde peut l’utiliser, même en dehors du Burkina Faso, pourvu que la langue soit une langue à tons ou à classes ».
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Issu de l’imaginaire culturel burkinabè, le syllabaire ROMBA puise son inspiration dans des objets, des images et des symboles du quotidien. Ces éléments ont progressivement été stylisés pour aboutir à un ensemble de consonnes de base. Si l’écriture ROMBA n’est directement calquée sur aucun autre système, l’inventeur reconnaît une influence générale de la culture éthiopienne dans son approche.
Le système est déjà en phase de vulgarisation. « Au stade actuel, le processus d’invention est terminé et c’est la phase de vulgarisation et de présentation », souligne Lassané Romba.
D’après son concepteur, des centres de formation existent et permettent aux apprenants de maîtriser la lecture et l’écriture en ROMBA en moins de trois semaines, grâce à des symboles intuitifs enracinés dans la culture locale, réduisant ainsi l’effort de mémorisation. « J’ai même commencé à former. Les apprenants arrivent à lire et à écrire parfaitement dans leur langue », dit-il.

Pour Lassané Romba, l’enjeu dépasse le cadre linguistique. Il estime que le syllabaire ROMBA constitue un levier essentiel pour la souveraineté culturelle du Burkina Faso et un outil stratégique pour l’enseignement des valeurs endogènes dans les langues nationales.
« On ne peut pas réussir une évolution en mettant de côté le volet culturel », souligne l’inventeur, qui appelle les autorités à soutenir activement la diffusion du syllabaire. Il plaide notamment pour la création d’un véritable centre de formation, l’ouverture de salles de classe dédiées et la mise à disposition de matériels pédagogiques adaptés.