CAMEROUN :: CNC vs Le Jour : Le journalisme d’investigation menacé après une analyse de l’élection de Biya :: CAMEROON
Le Conseil National de la Communication (CNC) a récemment convoqué les avocats du quotidien Le Jour, rouvrant le débat sensible sur les limites de l’information critique au Cameroun. Au cœur de cette démarche réglementaire se trouve une publication percutante : “La preuve par les chiffres officiels: voici comment la “Victoire” de Paul Biya a été fabriquée/ Analyse des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun.” Cette manœuvre du CNC met en lumière la tension constante entre les médias indépendants et l’organe régulateur.
Les avocats du journal de Haman Mana se sont présentés devant le CNC comme requis. L’institution a précisé que son malaise ne résidait pas dans le fond de l’article, mais dans la virulence du titre en Une, jugé susceptible de nuire à la crédibilité des institutions. Le CNC visait à obtenir l’origine des données utilisées pour étayer une telle affirmation. La défense du journal a été claire et précise : toutes les données chiffrées proviennent exclusivement des documents et sites web officiels d’ELECAM et du Conseil Constitutionnel.
Cette réponse place le CNC dans une position délicate, car elle remet en question non pas la véracité des sources, mais l’interprétation critique faite par la presse. Le journalisme d’investigation au Cameroun se retrouve ainsi sous le feu des projecteurs, contraint de justifier non seulement ses faits, mais l’angle choisi pour les présenter. L’organe de régulation a tout de même exigé la soumission des liens et de la documentation complète, ce qui a été exécuté par le quotidien.
L’affaire Le Jour s’inscrit dans un contexte plus large de restriction de la liberté de la presse. La multiplication des convocations et des suspensions de médias critiques est perçue par de nombreux observateurs comme une forme de Censure Cameroun, visant à dissuader toute analyse approfondie ou tout questionnement des résultats officiels, notamment dans le cadre des élections. Le gouvernement, à travers le CNC, semble privilégier la stabilité politique et la protection des institutions au détriment du débat public et de la transparence démocratique. L’issue de cette affaire est désormais attendue et servira de baromètre quant à l’espace de manœuvre restant pour la presse critique au Cameroun.
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