Forte d’une expérience internationale de près de deux décennies, notamment dans des missions diplomatiques et des programmes d’accompagnement gouvernemental, Yacine Sawadogo, experte burkinabè-canadienne, appelle les États africains à faire de l’Intelligence Économique (IE) un levier central de souveraineté et de compétitivité. Elle est l’invitée de ce numéro de l’émission « Nous Vaincrons ».
À ses yeux, l’IE n’est ni un concept abstrait, ni un outil réservé aux grandes puissances, mais un impératif stratégique pour les pays africains confrontés à des défis économiques, sécuritaires et géopolitiques.
Contrairement à l’espionnage industriel, qui est illégal, l’Intelligence Économique repose sur des pratiques légales telles que la veille stratégique, l’analyse de données, la gestion de l’influence et la protection de l’information sensible. Elle permet aux États et aux entreprises, confie l’experte burkinabè-canadienne, de collecter, comprendre et exploiter l’information dans le but d’orienter les décisions majeures et d’anticiper les risques.
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Dans le contexte burkinabè, l’IE apparaît nécessaire pour mieux maîtriser l’exploitation des ressources, réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur et bâtir des politiques publiques adaptées aux réalités nationales. « C’est l’heure de l’Afrique », rappelle Yacine Sawadogo, soulignant que les entreprises africaines doivent désormais se positionner sur le marché mondial avec des stratégies informées et conscientes des rapports de force.
Cependant, plusieurs obstacles freinent encore l’essor de l’Intelligence Économique sur le continent. L’experte cite entre autres une culture limitée de la gestion de l’information, un manque de formation spécialisée pour les cadres, l’absence de coordination entre les institutions concernées et une forte externalisation des données stratégiques, exposant ainsi les États à des vulnérabilités.
Pour y remédier, Yacine Sawadogo recommande de faire de l’IE une priorité nationale, d’intégrer cette fonction au cœur des ministères stratégiques, de former les élites, d’assurer le suivi réel de son application, y compris par la sanction, et de s’appuyer sur la diaspora, riche de millions de compétences qualifiées. « Celui qui maîtrise l’information maîtrise son développement », conclut notre invitée du jour.