Le Cameroun s’apprête à solder définitivement sa première émission obligataire internationale, l’Eurobond émis en 2015. Selon la dernière note de conjoncture sur la dette publique publiée par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme étatique gestionnaire de la dette, le pays devait encore 61,8 milliards de FCFA sur cet emprunt à fin septembre 2024. Un montant qui « est descendu à 30,9 milliards FCFA à fin décembre 2024 », précise le document, et qui « est resté inchangé jusqu’à la publication de la dernière note de conjoncture sur la dette à fin septembre 2025 ». Ce reliquat doit être réglé au cours de ce mois de novembre 2025.
Cette ultime échéance survient malgré une opération de refinancement menée avec succès en juin 2021. À l’époque, le gouvernement avait levé 685 millions d’euros (environ 450 milliards de FCFA) via un nouvel Eurobond émis à 5,95%. L’objectif était de racheter et remplacer une part majoritaire de l’emprunt initial de 750 millions de dollars, contracté à un taux bien plus élevé de 9,50%. Comme le détaillent les documents officiels de l’époque, cette opération, arrangée par des géants de la finance comme JP Morgan et Citigroup, a permis de « racheter 80 % de la souche de 2015, soit 600 millions de dollars ». Les 20% restants, représentant environ 150 millions de dollars, étaient programmés pour être remboursés progressivement, en 2023 et en 2025.
Pour mener à bien ce refinancement, le président Paul Biya avait dû modifier la loi de finances par une ordonnance en mai 2021. Le texte autorisait explicitement le gouvernement à « négocier et éventuellement à conclure (…) des emprunts non concessionnels de montants globaux (…) de 750 milliards de FCFA ». L’ordonnance précisait que cette hausse du plafond d’emprunt visait « principalement le rachat partiel ou total de l’eurobond de 450 milliards de FCFA émis en 2015 ».
Aujourd’hui, le Cameroun évolue dans un paysage financier international qui lui est moins favorable. L’agence de notation Fitch Ratings, dans une analyse datant de fin octobre, maintient le pays dans la catégorie « B », une note qualifiée de « spéculative ». Cette appréciation, qui s’applique notamment aux trois Eurobonds encore en circulation, signifie que les investisseurs perçoivent un « niveau de risque plus élevé » et exigent donc des taux d’intérêt plus importants. Fitch indique par ailleurs que la notation est « Under Criteria Observation », c’est-à-dire en cours de réévaluation.
Selon la CAA, la dette commerciale du Cameroun, dominée par les Eurobonds, s’élève à 1 301,1 milliards de FCFA, illustrant son « ouverture graduelle aux instruments de marché ». La manière dont Yaoundé gère cette transition sera scrutée par les créanciers, alors que deux autres emprunts obligataires, d’un montant total de plus d’un milliard de dollars, arriveront à échéance d’ici 2032.