La filière huile de palme au Cameroun reste donc toujours en crise. Ce, malgré une embellie notée dans la production nationale en 2025. En effet, selon la note de conjoncture économique du ministère des Finances, la production nationale d’huile de palme brute au Cameroun a connu une forte hausse au premier trimestre 2025, atteignant 77 630 tonnes.
Cette progression, précise-t-ion, portée par la grande campagne de récolte, représente près du triple du volume enregistré au trimestre précédent. Mais en glissement annuel, la production recule toutefois de 10,6 %, et les projections tablent sur une baisse de 2 % à la fin de l’année. Globalement donc, la production nationale d’huile de palme brute reste marquée par un structurel de 160 000 tonnes.
Alors que la demande des agro-industries de transformation de ce secteur culmine à plus million de tonnes par an, le pays reste dépendant des importations, estimées à 500 000 tonnes par an pour satisfaire la demande locale. En 2024 par exemple, le Cameroun a produit 446 984 tonnes d’huile de palme brute, selon les chiffres donnés devant la Représentation nationale par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute.
Mais, cette production nationale était largement inférieure aux besoins du marché, confronté à un déficit structurel de plus de 500 000 tonnes par an, d’après l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc). Ce déséquilibre structurel pousse le pays à recourir massivement aux importations. Entre 2017 et 2023, le Cameroun a importé 409 000 tonnes, pour une valeur totale de 280,4 milliards de FCFA, selon l’Institut national de la statistique (INS).
IMPACT DE LA CRISE SÉCURITAIRE DANS LES RÉGIONS ANGLOPHONES
Selon une analyse du secteur faite en 2022 par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), en plus des palmeraies des exploitants du palmier à huile qui sont déjà d’un certain âge, et qui par conséquent, produisent des rendements faibles, la crise sociopolitique qui secoue les régions anglophones du Cameroun depuis fin 2016 a contribué à renchérir les coûts de production dans cette partie du pays.
En effet, la région du Sud-Ouest, l’une des deux en crise en ce moment, abrite les installations de la CDC et de Pamol Plantations. Présentées comme les deux principales victimes de la crise dite anglophone au Cameroun, ces deux entreprises publiques ont dû abandonner leurs plantations ces dernières années, à cause de l’insécurité installée par les militants séparatistes.
Malgré la réhabilitation en cours de ces plantations de palmiers à huile, les activités de production dans ces deux unités agro-industrielles tournent toujours eu ralenti, en raison d’énormes difficultés financières auxquelles elles font face. Néanmoins, soulignait le document de la banque centrale, la baisse de production annoncée au Cameroun à fin mars 2022 devait être atténuée par l’entrée en production de jeunes plantations chez d’autres opérateurs de la filière palmiers à huile.