La filière huile de palme au Cameroun connait de nombreuses difficultés, notamment, notamment pour ce qui est de la production nationale. Laquelle connait un déficit structurel, avec pour corollaire, la demande dépassant largement la production locale, entraînant des importations massives qui ont été multipliées par près de 10 entre 2017 et 2023.
L’on note également, un vieillissement des palmeraies, avec de nombreuses d’entre elles qui sont âgées et produisent moins, tandis que la croissance des nouvelles plantations peine à satisfaire la demande croissante.
A cela vient s’ajouter l’insécurité, avec la crise sociopolitique dans les régions anglophones qui a entraîné l’abandon de plantations, augmentant les coûts de production et perturbant la filière, comme en témoignent les difficultés des entreprises publiques comme la CDC.
5000 HECTARES DE PLANTATIONS À RÉGÉNÉRER PAR AN
Face à cette situation, le gouvernement camerounais a mis sur pied un plan triennal de relance, pour la période 2024-2026. Ce plan triennal a pour objectif de renforcer la souveraineté dans la filière en augmentant la production locale, et en soutenant la production de semences.
Ce plan intègre aussi la sécurisation de la filière, la création déjà effective d’une interprofession de palmier à huile (Interpalm-Cam), pour mieux structurer le secteur et améliorer le contrôle de la production et de la qualité. Egalement, ce plan triennal s’accompagne des mesures de soutien à la production, notamment la régénération par an de 5000 hectares de plantations et le renforcement des unités de raffinage. Doté d’une allocation financière de 21,7 milliards de FCFA, ce plan triennal de relance de la filière huile de palme, piloté par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, soutient les principales agro-industries du secteur, CDC, Socapalm et Pamol, dans la modernisation des unités de transformation et l’amélioration des rendements agricoles. Avec une quinzaine d’unités de raffinage en activité ou en construction, le Cameroun ambitionne désormais de renforcer sa souveraineté dans la filière.
Toutefois, sans une stratégie d’approvisionnement agricole intégrée et durable, le pays restera exposé à la volatilité du marché international et aux fluctuations des importations.
SEULEMENT 68 719 TONNES IMPORTÉES EN 2024
C’est sans nul doute l’effet conjugué de la création de l’interprofession Interpalm-Cam et la volonté du gouvernement de réduire la dépendance extérieure : les importations d’huile de palme au Cameroun ont chuté de 56 %, à 68 719 tonnes en 2024, leur plus bas niveau depuis 2021.
L’interprofession Interpalm-Cam, faut-il le rappeler, vise à mutualiser les efforts des acteurs du secteur pour accroître la production nationale, améliorer la qualité et satisfaire la demande locale.
Quant aux perspectives de la filière huile de palme, elles sont positives, indique-ton, avec l’engagement du secteur privé, notamment avec la création de l’organisation Interpalm-Cam en décembre 2023, et une hausse des prix du marché qui devraient contribuer à améliorer la situation à moyen et longs termes.
PAR Blaise NNANG