Par Farida O. – Le ministre de l’Intérieur et des Transports, Saïd Sayoud, a affirmé que le recours au tramway comme mode de transport public en Algérie était une «erreur», estimant que cette option n’a pas produit les effets escomptés, à l’exception du cas de Constantine, qu’il considère comme une «réussite relative».
Selon lui, les expériences menées à Sétif et à Sidi Bel Abbès se sont révélées «négatives» tant sur le plan fonctionnel qu’urbanistique. «Le tramway a détruit le centre-ville, qui était jadis la fierté de ces deux villes», a-t-il déclaré, regrettant que ces projets aient altéré l’identité architecturale et la dynamique urbaine locales. D’après lui, la transformation des principales artères pour accueillir les rails et les stations a provoqué une rupture dans la structure urbaine traditionnelle.
Le ministre a également évoqué les conséquences sociales de ces projets. Il a souligné que la réalisation des lignes de tramway a causé d’importants préjudices à des citoyens. «Des habitants ont dû être délogés afin de permettre la mise en œuvre des travaux», a-t-il rappelé, insistant sur l’impact humain souvent sous-estimé de ces grands chantiers d’infrastructure et estimant que le monorail et le métro étaient mieux indiqués.
Ces déclarations interviennent dans un contexte où la question de la mobilité urbaine demeure un enjeu majeur pour les grandes villes algériennes, confrontées à une congestion croissante. Les investissements considérables consacrés aux tramways, présentés initialement comme un symbole de modernité et de développement durable, font aujourd’hui l’objet de débats sur leur rentabilité et leur adéquation avec les réalités locales.
Certains spécialistes du transport estiment néanmoins que le tramway reste une solution écologique et structurante, à condition qu’il s’inscrive dans une planification urbaine cohérente et adaptée aux spécificités de chaque ville. Le débat relancé par Saïd Sayoud pourrait ainsi ouvrir la voie à une réflexion plus large sur les modèles de transport à privilégier en Algérie, entre modernisation, préservation du patrimoine urbain et respect des besoins des citoyens.
F. O.