CAMEROUN :: Pressions sur les Commerçants et Crise Démocratique Inédite :: CAMEROON
Le Cameroun traverse une période de turbulences inédite suite à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, dont le dénouement officiel a consacré la réélection du Président Paul Biya, fort de 53,66 % des voix, selon les résultats proclamés. Cette victoire est vivement contestée par l’opposition, notamment par Issa Tchiroma Bakary, qui revendique 35,19 % des suffrages, affirmant détenir les preuves d’une fraude massive. La tension qui s’est ensuivie a basculé du terrain politique à la rue, puis au champ économique, transformant la capitale économique, Douala, en épicentre d’un bras de fer entre le pouvoir et les citoyens.
Les appels à la désobéissance civile, notamment via l’opération « villes mortes » lancée par l’opposition pour protester contre la publication des résultats, ont généré une réaction d’une fermeté rare de la part des autorités. L’ultimatum du Maire de Douala, exigeant la réouverture immédiate des commerces sous peine de fermeture administrative et de retrait d’attribution, met en lumière la peur du régime RDPC de voir la contestation gagner le terrain économique. Cette pression directe sur les commerçants pour empêcher l’adhésion au mouvement interroge la légalité de telles menaces, car la législation camerounaise ne prévoit pas de sanction immédiate pour la non-ouverture d’une boutique, sauf en cas de trouble avéré à l’ordre public ou d’infractions spécifiques au Code Pénal. Cette instrumentalisation du droit commercial pour des fins politiques révèle la profondeur de la crise.
Le Spectre des Violations des Droits Humains
Au-delà de l’enjeu économique, la période post-électorale est marquée par une répression sévère. Des arrestations arbitraires de figures de l’opposition et de la société civile, y compris des conseillers du candidat Issa Tchiroma et des militants du CNSF, ont été signalées. La disqualification antérieure du principal opposant, Maurice Kamto, par le Conseil constitutionnel, sur des motifs procéduraux largement perçus comme politiques, avait déjà préparé le terrain à cette crise de légitimité. Des incidents violents, y compris des tirs mortels sur des manifestants et des victimes collatérales à Garoua et Douala, ont été documentés, soulevant des préoccupations majeures quant au respect des droits humains.
Face à la détérioration de la situation sécuritaire et au risque que cette crise politique ne déstabilise la sous-région Nigéria, Tchad, Gabon et la République centrafricaine étant mentionnés par le Congrès américain , la communauté internationale intensifie la pression. Des parlementaires américains ont adressé une lettre officielle au Département d’État, demandant des actions concrètes pour protéger les intérêts démocratiques. Les États-Unis avaient d’ailleurs suspendu l’éligibilité du Cameroun à l’AGOA en 2020 suite à des violations persistantes des droits humains. L’urgence est désormais de préserver la paix, d’exiger la libération des prisonniers politiques et de soutenir un dialogue inclusif facilité par des médiateurs régionaux ou internationaux pour une transition pacifique.
La persistance des violences dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui ont déjà déplacé des centaines de milliers de personnes, complexifie davantage le tableau. L’instabilité politique centrale menace de réactiver ces conflits périphériques, rendant impératif un engagement rapide de la communauté internationale pour la stabilité régionale. La crise actuelle n’est pas seulement une affaire camerounaise, mais un test pour la démocratie et la sécurité en Afrique centrale.
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