Étudiante en master des arts du spectacle et des métiers de la création artistique à l’Université Joseph Ki-Zerbo, Mariam Seré accorde à la culture une place centrale dans la construction de l’identité burkinabè. Pour notre invitée du jour de l’émission « Nous Vaincrons », la culture ne se limite pas aux manifestations festives ou aux créations artistiques. Elle est « au début et à la fin de toute chose », c’est-à-dire la manière de parler, de manger, de se vêtir, de penser et d’exister en société.
Selon Mariam Seré, la culture constitue un vecteur de distinction et de souveraineté dans un monde globalisé. Porter par exemple le Kôkô Donda ou le chapeau de Saponé, affirme-t-elle, c’est non seulement affirmer son identité, mais aussi inscrire son appartenance au pays des Hommes intègres sur la scène internationale.
À ce titre, elle souligne le rôle central des femmes, premières éducatrices et gardiennes des codes et valeurs, dans la préservation et la transmission culturelles.
Cependant, le développement du secteur culturel burkinabè fait face à plusieurs défis. Le contexte sécuritaire demeure, selon elle, le principal frein à la création. « Sans paix, il est difficile de créer et de diffuser », rappelle-t-elle.
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À cette contrainte s’ajoutent les difficultés de financement, le manque de formation, et une faible visibilité des acteurs culturels. Beaucoup de créateurs restent confrontés à l’analphabétisme, à l’impossibilité d’obtenir des prêts bancaires, faute de garanties, ainsi qu’à des problèmes de marketing qui limitent l’écoulement des œuvres.
Pourtant, les atouts sont réels. En 2009, le secteur culturel contribuait déjà à 2,02 % du PIB et générait environ 165 000 emplois directs. L’étudiante estime que ces chiffres sont aujourd’hui en hausse.
Les artistes burkinabè sont, selon elle, « talentueux, enracinés dans leur culture et capables de créations originales ». L’existence de fonds de soutien, ainsi que de manifestations culturelles comme la Semaine nationale de la culture, offre de solides opportunités de visibilité, d’échanges professionnels et de retombées économiques pour les territoires.
Pour 2026, Mariam Seré recommande de renforcer les formations, d’accroître les financements publics, d’améliorer le marketing culturel et de sensibiliser la population à consommer local. Son ambition est claire : voir émerger des acteurs culturels économiquement autonomes, capables d’inspirer et d’entraîner toute une génération. Car, insiste-elle, « nous devons vivre notre culture, pas seulement l’admirer ».
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