Par Kamel M. – L’ancien ministre français, Pierre Lellouche, a déclaré Lors d’une récente intervention : «Pour que la République s’installe, il a fallu casser l’Eglise catholique, et on l’a fait : on attachait les curés et les nonnes nues pour les jeter dans la Loire, on a exécuté les bébés. […] Aujourd’hui, j’attends de voir ce que la République est capable de faire face à l’islamisation de la France. Moi, je vois de plus en plus de voiles dans les rues à Paris.»
Ces mots, d’une brutalité saisissante, révèlent moins une réflexion historique qu’une vision inquiétante d’une France gangrénée par l’extrême-droite qui semble recruter de plus en plus dans les cercles politiques corrompus. En évoquant les massacres révolutionnaires contre le clergé pour en faire un modèle implicite d’action contre les musulmans, Pierre Lellouche transforme l’idée républicaine en menace, la laïcité en instrument de coercition. Ce n’est plus la neutralité de l’Etat qui est invoquée, mais une répression islamophobe ciblée.
La rhétorique antimusulmane de cet homme politique, devenu commère chez Vincent Bolloré, dans la fabrique de la haine CNews, s’inscrit dans une tendance plus large de figures politiques et médiatiques qui, sous couvert de défense de la laïcité, transforment la peur de l’autre en argument identitaire. Le voile, la prière, la différence deviennent autant de signes d’une «invasion» imaginaire, nourrissant une anxiété sociale que l’on canalise vers le bouc émissaire musulman.
L’écrivain et militant antisioniste Jacob Cohen a vivement réagi à ces propos condamnables : «La République pour s’affirmer a commis un génocide contre les cathos. Un judéo-sioniste notoire défie la République actuelle de faire autant avec les musulmans.» La phrase vise juste, tant elle met en lumière la violence symbolique d’un discours qui, sous prétexte d’histoire, appelle à reproduire les pires excès du passé. Jacob Cohen souligne aussi le paradoxe d’un homme issu d’une tradition politique se revendiquant du combat contre la persécution, qui semble désormais encourager l’idée d’un affrontement avec une communauté religieuse.
«Ce dérapage n’est pas anecdotique. Il dit quelque chose de l’état du débat français, une République qui, faute d’un projet collectif fort, se replie sur des réflexes de peur et d’exclusion. Lorsque des responsables politiques se mettent à convoquer les fantômes de la terreur pour parler du soi-disant problème musulman, c’est qu’ils ont renoncé à penser le vivre-ensemble», déplore, de son côté, Abdallah Zekri, président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie.
«Pierre Lellouche exprime une tentation bien réelle, celle d’une République musclée, punitive, purificatrice. Mais cette République-là n’est pas celle des droits de l’Homme. Elle est celle des listes, des exclusions, des humiliations. Et c’est précisément contre cette dérive que la France doit aujourd’hui se redresser», met-il en garde, tout en appelant la justice à s’autosaisir suite à cet appel au meurtre caractérisé.
K. M.